Jeudi soir, une vingtaine de membres des Jeunesses communistes qui assistaient à la réunion du conseil de Lambersart ont soudainement
déployé une banderole. Ils scandaient « Daubresse précarise la jeunessse ». Marc-Philippe Daubresse, maire et ministre de la Jeunesse, a refusé de leur donner la parole mais a reçu
une délégation le lendemain matin.
Le conseil, commencé peu après 20 h 30, s'annonçait comme un long fleuve tranquille, avec un peu plus de public qu'à l'ordinaire,
dans la grande salle Malraux... C'était sans compter sur les responsabilités nationales du maire UMP de Lambersart. Car vers 21 h 20, une vingtaine de personnes installées dans le public se
sont levées, comme un seul homme, pour déployer une banderole en scandant, « Daubresse, Daubresse précarise la jeunesse ».
Surprise dans la salle comme dans les rangs des élus qui n'ont même pas eu le temps de lire les revendications. Sans doute informés
d'une possible perturbation, des policiers nationaux et municipaux étaient dans la salle et aux abords. En trente secondes, tout le monde était expulsé de la salle Malraux.
Juste avant de se faire sortir, plusieurs jeunes ont réclamé le dialogue. Marc-Philippe Daubresse, maire et ministre de la Jeunesse
et des Solidarités actives, leur a répondu « Ce n'est pas le lieu, le public doit se tenir coi pendant un conseil. Par contre, je suis à votre disposition, demain à 10 h dans mon bureau, à
la mairie de Lambersart ».
Le conseil a ensuite repris son cours, comme si de rien n'était. On a juste vu Marc-Philippe Daubresse « textoter »
longuement, pour informer qui de droit, sans doute, de ce qui venait de se passer.
Le lendemain (hier, donc), trois jeunes se sont présentés à la mairie. « Daubresse nous a demandé de ne pas tous venir, pour
qu'on puisse discuter », nous expliquaient les étudiants Clément Lorillec, 23 ans et Camille Lihouck, 19 ans. Ces deux membres des Jeunesses communistes étaient accompagnés d'un lycéen de
Montebello ; « Je ne suis membre d'aucun parti ni d'aucun syndicat », précisait l'élève de seconde, Valentin Stievenart-Kozlowski.
Clément, Camille et Valentin ont donc rencontré le ministre-maire dans un bureau de la mairie, pendant une demi-heure. « Nous
avons organisé cette action coup de poing hier parce que nous sommes dans la ville du ministre de la Jeunesse et que le gouvernement reste sourd, malgré la mobilisation des gens, malgré les
sondages qui montrent que 70 % des Français désapprouvent la réforme de la retraite », expliquait Clément.
« J'étais lycéen en mai 1968 » leur a dit Marc-Philippe Daubresse en préambule. « Je ne fais pas partie de ceux qui
stigmatisent les jeunes, j'ai confiance en l'intelligence de la jeunesse ». Une fois ces bonnes paroles prononcées, chacun a développé ses arguments. « On ne va pas retirer la
réforme, c'est clair », a déclaré le ministre.
Au sortir de la réunion, les jeunes communistes restaient convaincus que la retraite pouvait se financer autrement, auprès des plus
riches notamment. « Mais il a promis de déposer un amendement pour taxer les dividendes et les plus-values. Nous serons vigilants là-dessus », prévenait Clément. • (A suivre)