Sur place, la grille est fermée. 98 % des salariés sont grévistes et tous les syndicats ont répondu présents. Pour défiler dans les rues de Gondecourt, ils ont été rejoints par leurs familles, des anciens salariés, des habitants, des lycéens... « Ce n'est pas une manifestation de militants, analyse Pascale Montel, de l'Union locale CGT. Les travailleurs et la population sont descendus en masse dans la rue et nous sommes contents d'avoir le soutien des municipalités ». En effet, de nombreux élus du secteur (Annoeullin, Bauvin, Camphin, Seclin...) avaient fait le déplacement et entouraient le maire de Gondecourt. « Sans trop me tromper, je crois que c'est la première fois qu'une telle manifestation a lieu à Gondecourt. La population est fortement mobilisée ainsi que les commerçants. Car avec tous ces licenciements, c'est toute l'économie locale qui va souffrir ». Mêmes craintes du côté de Philippe Parsy, maire d'Annoeullin. « 97 employés de Visteon résident sur ma commune. Ce sont potentiellement 300 à 400 personnes qui peuvent subir les répercussions de ces licenciements. Nous espérons que la manifestation d'aujourd'hui ne soit pas une démarche vaine ».
Pour les syndicats, l'État doit réagir. « Les constructeurs automobiles décident de la vie et de la mort des équipementiers. Cela ne peut pas durer. Nous sommes toujours capables de produire des voitures dans la région. On a un savoir-faire qu'il n'y a pas ailleurs ».
Philippe Kemel, vice-président de la Région et maire de Carvin, a souligné que « le conseil régional fait tout pour mettre une pression forte sur l'État afin que les contrats de transition professionnelle soient étendus à toute la région, à l'automobile et à Visteon. En contrepartie, nous demandons à Visteon de renoncer aux licenciements. La Région est prête à aider pour maintenir l'activité ». De son côté, Bernard Debreu, maire de Seclin, a rappelé les actions menées auprès du préfet. « Nous demandons à l'État que soit organisée une table ronde au plus haut niveau avec des représentants de l'État, des élus, les syndicats et la direction nationale de Visteon ».
A mi-chemin, le cortège s'est arrêté devant le lycée, où des élèves ont pris la parole. « Nous sommes là pour soutenir les salariés de Visteon mais aussi pour rappeler nos revendications contre la réforme du lycée. Le manque d'enseignants, on s'en rend compte tous les jours », a expliqué Élisa, élève en terminale L.
Puis, le cortège est reparti aux rythmes des cornes de brumes, des sifflets, et des pétards. De retour devant Visteon,
les manifestants ont incendié un cercueil, symbole des licenciements, avant de se séparer pour rejoindre la manifestation lilloise.
Source : La Voix du Nord